AVORTEMENTS
LAISSEZ-LES VIVRE


Dans le sens qui nous intéresse ici, l'avortement consiste en la destruction du fœtus avant la naissance naturelle.

Aujourd'hui, en France, comme chaque jour depuis 1975, des centaines d'enfants non encore nés mais cependant bien vivants seront tués par avortement légal.
On a calculé, sans exagérer, qu'en 25 ans, plus de 6 millions de petits Français avaient été sacrifiés à l'idéologie.
 

Qui dira la somme de drames humains provoqués par ce massacre ?

Quant au drame social, c'est la société française toute entière qui commence à le vivre.

 


 
 

LES PRINCIPALES MÉTHODES D'AVORTEMENT


 
Aspiration (dite méthode de Karman)
Pratiquée sous anesthésie, cette méthode est la plus généralement utilisée en France (50 % des cas).
Le col de l'utérus est dilaté est dilaté de 2 bons centimètres au moyen de dilateurs gradués dits "bougies", allant de calibres très petits à très gros jusqu'à permettre le passage d'un tube flexible relié à une pompe sous vide qui dissèque l'enfant.

 
Curetage
Pour les grossesses plus évoluées, par exemple à 12 semaines.
On dilate le col de l'utérus comme dans la méthode précédente pour permettre l'introduction à l'intérieur de l'utérus de la curette au moyen de laquelle le fœtus est déchiqueté.

(Sur la photographie, ci-contre, on peut constater que ce fœtus âgé de 12 semaines manifeste de vives réactions et tente de fuire la curette qui va le blesser et le déchiqueter en morceaux).


 
Injection salée
Cette méthode abortive, sans doute la plus barbare de toutes, est utilisée après 16 semaines lorsqu'il y a suffisamment de liquide amniotique autour du bébé. On retire une certaine quantité de ce liquide qui est remplacé par une quantité équivalente de poison (une solution saline très concentrée). Parfois, l'urée est aussi utilisée.
Par cette méthode, on tue l'enfant en lui brûlant la peau, les poumons en plusieurs heures de souffrances atroces. Si elle n'est pas anesthésiée, la mère ressent très fortement les mouvements de l'enfant agonisant dans son ventre et accouche d'un enfant mort.

 
Administration de prostaglandines
Les prostaglandines sont des hormones naturelles ou synthétiques, dont l'administration, qui se fait en comprimés, par intraveineuses ou par voie vaginale, provoque des contractions de grande violence et déclenche l'accouchement sous 48 heures.Un accouchement prématuré déclenché de cette façon dure au minimum 6 heures, délai qui est fatal au fœtus.

 
Hystérotomie (ou petite césarienne)
Tout comme pour une césarienne, le ventre de la mère est ouvert afin d'aller chercher le fœtus à l'intérieur de l'utérus.
Bien que n'étant pas officiellement autorisé en France, en dehors de "l'avortement thérapeuthique", cette méthode est, en fait, de plus en plus pratiquée.
Extrait "intact", le fœtus peut ainsi devenir l'objet d'expériences, voire de manipulations à fins commerciales dont les limites sont sans cesse repoussées du fait d'un vide juridique complet !

 
Avortement par naissance partielle
Cette technique d'avortement consiste en l'extraction "intacte" du corps du fœtus excepté sa tête, puis une en aspiration de son cerveau.
Ce type d'avortement demande trois jours d'intervention dont deux rien que pour la dilatation du col de l'utérus par le biais de cylindres qui vont augmenter progressivement le diamètre.
On peut aussi utiliser des laminaires.
Pendant l'avortement "proprement dit", l'orientation initiale du fœtus est identifiée par un appareil à ultra-sons.
Dès qu'une "extrémité" est repérée, l'avorteur insère un forceps dans l'utérus par le vagin et le col et agrippe une des jambes de l'enfant.
Après avoir retourné le bébé dans l'utérus de manière que ses pieds se présentent en premier (et donc son visage vers le bas), l'une de ses jambes est tirée vers l'extérieur. Ensuite, c'est au tour de l'autre jambe, le torse jusqu'au cou.
L'enfant présente sa mœlle épinière vers le haut et tout son petit corps se trouve hors de l'utérus sauf sa tête trop large pour passer le col de l'utérus.
À ce stade, le bébé est encore en vie mais plus pour très longtemps puisque l'avorteur passant sa main le long de la colonne vertébrale de sa petite victime lui saisi le cou avec deux doigts (le majeur et l'index) pour le dégager.
L'avorteur s'empare alors d'une paire de ciseaux chirurgicaux pointus et, après avoir localisé la base du crâne de l'enfant l'enfonce de force.
Il écarte les lames des ciseaux pour élargir le trou ainsi créé, et après les avoir otés, insère un cathéter de succion qui aspire la cervelle.
Une fois le cerveau affaissé, la tête est devenue assez petite pour passer le col de l'utérus.
Enfin, le placenta est oté puis les parois utérine nettoyées.
Illustrations parues dans TransVie-Mag n° 99 de novembre 1996

 
Stérilet
Le stérilet ou dispositif intra-utérin (DIU) dénomination rendue officielle par la loi Neuwirth de 1967 est un petit objet en matière plastique avec un manchon en fil de cuivre, de forme variée et placé dans l'utérus de la femme.
Le stérilet agit en tuant le petit "œuf" humain une semaine après sa conception en l'empêchant de se fixer dans l'utérus (nidation). Cela provoque ainsi des avortements à répétition.

 
Stérilet
Le stérilet ou dispositif intra-utérin (DIU) dénomination rendue officielle par la loi Neuwirth de 1967 est un petit objet en matière plastique avec un manchon en fil de cuivre, de forme variée et placé dans l'utérus de la femme.
Le stérilet agit en tuant le petit "œuf" humain une semaine après sa conception en l'empêchant de se fixer dans l'utérus (nidation). Cela provoque ainsi des avortements à répétition.

 
R.U. 486 (MIFEGYNE)
Le R.U. 486, pilule abortive utilisée vers la 5ème ou 6ème semaine de grossesse, fut présentée en 1982 à l'académie des sciences par son inventeur : le Pr Emile Baulieu.
Il s'agit en fait d'un antiprostérone stéroïdien, c'est-à-dire qu'il s'oppose à l'effet de la progestérone (hormone hormone nécessaire à la poursuite de la grossesse).
Le R.U. 486 est associé, 36 à 48 heures après, à un autre produit appelé prostaglandine (cenvageme ouvule ou cytotec per os).
Près de la moitié des avortements sont pratiqués par le R.U. qui réussit dans 95 % des cas ; en cas d'échec les avorteurs procèdent à un avortement chirurgical.

 
Pilule du lendemain ou Norlevo Dessin de Chard paru dans
Présent
du 16 décembre 1999
Il s'agit d'une pilule contenant une dose élevée progestatif après une éventuelle fécondation. Une administration de NORLEVO équivaut à la dose additionnée du progestatif de cinquante pilules contraceptives "MINIDRIL"(Lévonorgestrel). Cette grosse quantité d'hormones pourrait bloquer l'ovulation ou provoquer un avortement par le même mécanisme que le stérilet si elle est donnée à l'époque de l'ovulation.
Dans les autres cas elle est inefficace, dès lors que le processus d'implantation a commencé selon le libellé même des "propriétés pharmaco-dynamiques" de l'A.M.M.

 
LES CONSÉQUENCES D'UN AVORTEMENT

 
Conséquences physiques de l'avortement chez la femme

 
Troubles ultérieurs de la santé chez la femme

 
Complications immédiates
Hémoragies, perforation de l'utérus ou de l'intestin et septicémie.

 
Risque de stérilité
La moitié des cas de stérilité chez la femme sont dûs à un avortement provoqué.
La conception peut être devenue impossible par l'infection des trompes, par adhérences utérines suite à des cicatrices laissées par le curetage, par une dilatation excessive du col.
Ce sont surtout les adolescentes et les femmes qui se font avorter lors de leur première grossesse qui sont le plus touchées.
Pour les femmes utilisant le stérilet, il arrive que survienne une stérilité définitive.

 
Risque de grossesse extra-utérine
Un avortement augmente les risques de grossesse extra-utérine, lors d'une grossesse suivante nécessitant alors une intervention chirurgicale pour sauver la vie de la mère.
D'ailleurs, le nombre de grossesses extra-utérines a doublé, voire triplé dans les pays industrialisés sur une période de 20 ans. Il y a là une cause de la mortalité maternelle du premier trimestre et de stérilité ultérieure définitive.
Plusieurs études scientifiques ont démontré que parmi les facteurs à risque on trouvait des antécédents de chirurgie des trompes ou de l'utérus dûs à un avortement. Une autre cause de grossesse extra-utérine est, paradoxalement, le stérilet.

 
Risque pour les grossesses ultérieures
La proportion des fausses-couches et des naissances prématurées augmente après chaque avortement, en raison des lésions de l'utérus.
En France, les fausses-couches sont deux ou trois fois plus fréquentes après deux avortements.

 
Autres risques
Par ailleurs, les gynécologues constatent qu'un nombre croissant de femmes viennent les consulter pour des irrégularités mentruelles, pertes accrues, rapports sexuels douloureux suite à des avortements.
Il arrive souvent que le stérilet provoque une infection (salpingite généralement) qui se développe et provoque des saignements et produise des douleurs. Il arrive aussi que le stérilet perce le fond de l'utérus et se fiche dans la vessie ou migre près de l'intestin.
Nausées, vomissements, fatigue, douleurs abdominales basses, vertiges, céphalées, asthénie, tension mammaire, saignements à type de métrorragies sont les effets indésirables de l'absortion du Norlevo dite "pilule du lendemain".

 
Risque de décès chez la femme
Ce risque est loin d'être nul puisque dans une étude de l'Organisation Mondiale de la Santé (O.M.S.) il a été démontré qu'en France, sur une période de 10 ans (1979-1989), le nombre de décès liés à l'avortement étaient de 10 à 15 par an (13 en 1981).
D'ailleurs, selon le Dr Willke, « l'avortement légal, à n'importe quel stade de la grossesse a deux fois plus de chances de tuer la femme qu'un accouchement normal ».

 
Les séquelles psychiques

 
Le syndrome post-abortif
L'avortement cause un préjudice psychologique aux femmes qui l'ont subi.
Aussitôt après un avortement, la femme se croit libérée d'un fardeau et des pressions subies mais en réalité il n'en est rien.
Tout d'abord, elle se réfugie dans un état, que les médecins nomment mécanisme de reniement et de refus.
Elle refuse d'accepter sa situation dans ses réalités spécifiques parce qu'elle croit que celles-ci sont trop douloureuses. Elle renie le fait qu'elle ait autorisé à tuer son enfant ; elle nie que ce soit une faute et "rationnalise" le fait que la mort de l'enfant était devenue "nécessaire".
Ce reniement peut durer plus ou moins longtemps mais dépasse rarement les 10 ans.
La femme pour échapper à la douleur morale et pour se punir elle-même, décide de s'engager à fond dans une activité. Pour se débarrasser de sa culpabilité, de sa honte et de la dépression qu'elle a peur d'affronter, la femme peut décider de s'engager dans des "bonnes œuvres"
Parfois, même, il arrive qu'elle sombre dans l'acoolisme pour oublier, voire prendre des drogues ou rompre avec sa vie de famille.
Lorsque la femme perçoit vraiment les causes du désordre psychologique, c'est parce que ce mécanisme de défense par le refus et le reniement fait place à une prise de conscience dont les symptômes sont :
– souvenirs répétitifs et intrusifs dans ses pensées de l'avortement ainsi qu'à l'enfant qui n'est pas né ;
– au cours du sommeil, rêves réguliers concernant l'avortement et l'enfant disparu ;
– actes soudains ou sensations comme si l'avortement recommençait ;
– capacité réduite de répondre et de se situer, voire de s'engager par rapport à l'entourage ;
– sensation de se détacher des autres et de leur devenir étranger ;
– humeur dépressive ;
– accroissement de l'irritabilité et de l'hostilité vis-à-vis des autres ;
– insomnie de plus en plus fréquente et longue, perte de concentration ;
– sentiment de culpabilité d'être encore en vie alors que l'enfant, lui, n'a pas survécu.

Le syndrome post-avortementPour en savoir plus, lire la mise au point du Dr Volff, membre du bureau de Laissez-les-Vivre – SOS Futures Mères, sur ce sujet.


 
DES TÉMOIGNAGES DE FEMMES SUR LE SYNDROME POST-ABORTIF

 
« Mon mari et moi nous nous connaissons depuis quatorze ans. (...) J'ai été enceinte dans les premiers jours de notre relations. (...) Nous avions 20 ans, étions étudiants et vivions chez nos parents. Tout est allé très vite. Mise au courant ma mère rendit aussitôt son verdict : il fallait avorter. Mon ami ne résista pas à la pression. (...) Et je n'étais pas assez mûre pour comprendre ce qui se passait malgré moi. J'ai donc avorté sous anesthésie locale, dans des conditions psychologiques abominables. Nous avons beaucoup pleuré et puis le temps est passé... Nous nous sommes mariés et nous avons eu un enfant qui fait notre joie. Pourtant notre vie est devenue morne et triste. Nous commencions à nous éloigner l'un de l'autre. j'étais devenue obèse et dépressive. Mais nous ne faisions pas le rapprochement avec l'IVG. Aujourd'hui mon mari est psychologue, ce qui nous a permis de comprendre. Nous commençons notre deuil d'avoir perdu l'enfant de l'amour ».

LiLi, "La Main tendue", Femme Actuelle, avril 1996


 
« Pendant longtemps, j'ai cru que je ne m'en sortirais jamais. J'avais 21 ans lorsque j'ai dû me faire avorter. Nous étions dans les années 70. (...) Un matin pluvieux je me suis donc retrouvée à la gare du Nord avec une quarantaine de femmes. Un car recouvert de banderoles "Notre ventre nous appartient", "MLF vaincra", nous emmena en Angleterre. Pendant tout le trajet, on a chanté à tue-tête, heureuses, on était des "femmes libérées". Mais à la clinique (...) c'était sinistre, les médecins faisaient cela à la chaîne. (...) J'étais sonnée, j'avais souffert malgré l'anesthésie locale, je me sentais culpabilisée, mal dans ma peau. Au retour personne ne disait mot. Chacune gardait en elle des images de blouses blanches et de spéculum. Je crois qu'on pleurait toutes. (...) J'ai eu mon premier enfant à 32 ans, c'est là que j'ai réalisé que je l'avais attendu pendant toutes ces années.

Claire, 35 ans, Famille Chrétienne, 2 février 1995


 
« On parle beaucoup de la libération de la femme : I.V.G. (interruption volontaire de grossesse), contraception, tout est en place pour le mieux-être de la femme ! Mais on passe sous silence les épreuves que subissent des femmes qui, pour des raisons personnelles, généralement graves, paniquent et doivent subir une interruption de grossesse (...). À la suite d'une très importante série de soucis matériels et de santé, je viens moi-même de recourir à un tel acte et maintenant le remords est là, tenace, qui me poursuit sans cesse. Dans ces hôpitaux, le personnel, à force de toujours vouloir rester neutre, devient froid et inhumain. Même un ordinateur montre plus de "sentiment", ou, du moins, expliquerait les deux faces du problème.
Qu'est-ce qu'une I.V.G. pour eux ? Une simple intervention, banale, et ils en font à la chaîne tous les jours !
Je pense qu'il faut rompre cette loi du silence, témoigner, parler de ce grand vide que l'on ressent, de cette douleur morale, qui est là.

Avant d'agir, pour permettre à la femme de choisir en toute liberté, il devrait y avoir quelqu'un qui "plaide" en faveur de cet enfant.
Pourquoi dans les hôpitaux, ne voit-on pas systématiquement une assistante sociale qui nous expliquerait simplement, sans prendre parti, qu'il est possible d'agir autrement, qu'il existe des droits : aide financière, soutien moral auprès de tel organisme
(...) ?
Voilà comment cela s'est passé pour moi. D'abord visite chez un gynécologue qui demande ce qui s'est passé : échec de la contraception ou autre ? Puis une échographie pour savoir s'il est encore temps. ensuite, visite chez le psychologue. alors là c'est le bouquet : leçon de morale mais du style : "vous n'allez pas pondre des gosses comme ça, surtout avec vos problèmes !" Pourtant le psychologue aurait un rôle important à jouer.
Après la visite chez l'anesthésiste, le jour J arrive.
Vous avez peur, vous ne voulez pas trop d'un tel acte mais il ne faut pas traîner, et vous gardez pour vous vos états d'âme. ensuite, c'est le réveil, tout est fini. Et puis, vous vous retrouvez chez vous et c'est alors que les problèmes commencent
(...).
J'écris pour que les femmes réfléchissent, et que l'on sache qu'une I.V.G. n'est pas un acte banal
 ».

Madame G., "La main tendue", Femme Actuelle du 10 juillet 1988


 
« Mon I.V.G. a eu lieu sous anesthésie générale, elle a duré dix minutes, mais je suis restée toute la journée à l'hôpital à pleurer : j'avais perdu ma petite fille pour toujours. C'est bizarre, cette réflexion que j'ai pu faire sur cet embryon de quelques semaines. C'était une fille, j'en étais sûre, elle se serait appelée Marine. Je la voyais jouer avec son grand frère et éclater de rire. En me faisant avorter, ça venait de s'arrêter (...).
Six mois après, j'ai toujours mal
(...). Avorter, c'est une blessure qui ne guérit jamais ».

Estelle, 42 ans, Famille Chrétienne du 2 février 1995


 

Un syndrome traumatique répandu
Le Syndrome Post-Avortement

François Volff, Généraliste, Louvres

Anne C. Speckhard (1992) et Vincent M. Rue (1992 et 1986) ont décrit sous le terme "Syndrome Post Avortement" ("PAS") une variante du syndrome post traumatique ("PTSD") (1)
A ce titre, le syndrome post avortement entre dans le domaine des inhibitions fonctionnelles partielles, soit spécifiquement : lien significatif entre l'objet de l'inhibition et les circonstances du traumatisme (troubles sexuels, par exemple), soit non-spécifiquement : neurasthénie post traumatique, difficultés de concentration ou d'attention, éléments phobiques diffus.

Le diagnostic se fera d'autant plus facilement qu'il sera recherché. Les auteurs cités rappellent que
ces femmes ont peur de faire part de leur expérience à quiconque et/ou de paraître " déviantes " et, a contrario, que leur malaise soit un signe d'inadaptation à une procédure relativement simple et généralisée. Ils notent que le chiffre des femmes américaines déclarant avoir avorté est moitié moindre que celui attendu au vu des statistiques d'avortement.
Les études de cas publiées dans la littérature médicale ou psychologique sont indispensables pour une bonne orientation du diagnostic, mais il faut quelques critères. Les auteurs en dégagent quatre :

1) Exposition ou participation à une expérience abortive, c'est à dire percue comme la destruction d'un enfant non encore né, traumatisante et loin des choses ordinaires de la vie.
2) Ré-expérimentation négative et incontrôlée de l'avortement : retours arrière (flash backs), cauchemars, chagrin et réactions anniversaires.
3) Tentatives infructueuses de chasser ou de nier les souvenirs de l'avortement et la douleur émotionnelle, avec comme résultat une diminution de la sensibilité aux autres et à son environnement.
4) Apparition de symptômes associés, qui n'étaient pas présents avant l'avortement,
en particulier la culpabilité du survivant.

Quelle est la fréquence du SPA ? Les auteurs datent de 1990 la première étude randomisée et standardisée. C.A. Barnard avait pris au hasard 984 clientes d'une clinique d'avortement du Maryland, dont 60 % donnèrent un faux numéro de téléphone. Elle put finalement soumettre 80 femmes à un questionnaire suivi qui comportait 48 items.19% avaient tous les critères de syndrome post traumatique (PTSD) dans les trois à cinq années suivant l'avortement. Portant cette fois sur 442 femmes, mais seulement sur deux ans, une autre étude statistique comparable a été faite, mais avec seulement 1 % de réponse aux critères des auteurs (Major et Cozzarelli, citée plus loin) .On peut penser que ces méthodes employées d'évaluation par questionnaires laissent beaucoup de place à la subjectivité et pèchent précisément par leur standardisme. Un marqueur direct et tout à fait concret de la dépression post abortive, et donc un marqueur indirect du syndrome post-avortement, est l'étude du taux de suicides liés à la grossesse, suivant qu'elle est menée à terme, avortée spontanément ou supprimée.

Gissler, Hemminki et Lonnqvist (2) ont recensé , pour les années 1987 à 1994, 73 suicides liés à la grossesse en comparant les déclarations de suicide et les registres Finlandais des naissances, des avortements spontanés et des provoqués . Le taux de suicide étant de 11,3 pour 100 000, il n'est que de 5,9 quand il est associé à la naissance, 18,1 associé à l'avortement spontané, 34,7 à l'avortement provoqué. Ceci dans l'année qui suit la fin de la grossesse, quel qu'en soit le mode.

Une étude similaire à été menée sur les tentatives de suicide au Pays de Galles sur une population de 408 000 habitants de 1991 à 1995 par Christopher Morgan et coll. (3) Le risque, par rapport aux femmes non-gestes, est de 2,17 pour les fausses couches, 1,92 pour les avortements provoqués et 0,94 pour les accouchements. Par rapport aux parturientes, le risque est de 2,84 avant la fausse-couche et 2,29 après, tandis qu'il est de 1,72 avant l'avortement provoqué et 3,25 après.

Les études statistiques directes portent bien entendu sur des cohortes bien plus petites, puisqu'il s'agit
de suivre des femmes avant et après l'avortement. De plus, elles ne portent pas sur le seul syndrome post-abortif.

Major, Cozzarelli et coll. (4) ont étudié un échantillon de 882 femmes ayant avorté à Buffalo d'une grossesse non désirée, non issue d'un viol. Elles ont été évaluées par questionnaire une à deux heures avant l'avortement (T1), une heure après (T2), un mois après (T3) et deux ans après (T4).
Elles étaient payées 20 $ pour leur participation à 1 mois et 50 $ pour leur participation à deux ans.
Néanmoins, seulement 442 ont participé aux quatre questionnaires.
A un mois, 78,7 % (sur 418) affirmaient avoir fait le bon choix et en être satisfaites contre 10,8 %
qui affirmaient avoir prise la mauvaise décision et en être navrées (dissatisfied). 10,5 % ne savaient pas.
A deux ans, on avait 72 %, 16,3 % et 11,7 %. Pour ce qui est de la détermination à avorter de nouveau,
elle était certaine ou probable à 69 % (sur 441). Elles étaient 19 % de l'opinion contraire, et 12 % ne savaient pas.( On rapprochera ces données de l'étude de Hanna Söderberg et coll. (5) : Sur 854
femmes interrogées un an après l'avortement, 76,1 % disent qu'elles ne l'envisageraient plus jamais si elles étaient de nouveau enceintes.)

Pour rechercher le syndrome post-avortement, Major, Cozzarelli et coll. ont eu recours à un questionnaire d'évaluation du syndrome post-traumatique chez les vétérans de la guerre du Viêt-Nam, adapté à l'avortement : ré-expérimentation de l'avortement par rêves ou fantasmes récurrents (flash backs), persistance d'évitement de stimuli évocateurs (évitement de sentiments ou de pensées en rapport avec l'avortement), symptômes d'excitation ( difficultés à s'endormir), émoussement affectif qui n'existait pas avant l'avortement. Six cas ont été trouvés (sur 442), soit 1%. Ce qui fait tout de même 2500 cas par an pour la France, si l'on s'en tient aux estimations officielles des avortements. Mais on peut estimer que la réponse à quatre questions standard ne correspond pas à un véritable diagnostic. La notion d'impulsions agressives, qui font partie du syndrome de répétition et qui sont symboliques de la violence de l'avortement voire le réitèrent vainement, est absente du questionnaire. On a pourtant établi une relation entre l'avortement et les violences à enfants. La rumination semble également ignorée.
Mimoun (6) signale justement que " c'est par la plainte sexuelle qu'une des suites de l'IVG est facilement repérable ". Il cite trois études établissant le fréquence de ce trouble à environ 30%. Dans une étude genevoise qu'il cite aussi, (Pasini et Robert, 1974) , comparant 50 femmes ayant subi deux ou plus avortements provoqués, à 50 ayant accouché, vingt femmes avortées sur cinquante souffrent de frigidité. Si la plainte sexuelle ne constitue pas le syndrome post-avortement, elle en est un signe.
Sa fréquence laisse à penser que les 1% sont largement dépassés.

Des symptômes non-spécifiques ont été rapportés à l'avortement : manifestations anxieuses, conduites hystériques, dépressions réactionnelles, états hypochondriaques. Dans le rapport de la Commission d'Enquête sur le fonctionnement et les conséquences de la loi sur l'avortement (Royaume-Uni, Juin 1994) (7), le Dr McAll témoigne de sa propre expérience dans son service de soins psychiatriques. Beaucoup de ses patientes qui ont eu un avortement souffrent de désordres physiques et psychiques sans relation apparente : arthrite, problèmes gastro-intestinaux, alcoolisme, anorexie mentale, boulimie. Il ont peu de valeur diagnostique. Mais il faut savoir en reconnaître l'origine pour éviter les traitements fonctionnels itératifs, car 74 % se résolvent lorsqu'on vise à guérir le traumatisme lié à l'avortement.

Il est intéressant de comparer les résultat de l'étude de Hanna Söderberg et coll (5) sur 1 285 femmes
ayant avorté à Malmö, Suède, en 1989, 854 acceptèrent d'être interrogées un an aprés, 354 (42 %) ne manifestèrent pas de conséquences psychologiques, 467 (55 %) avaient ressenti du remords ou de la détresse de façon plus ou moins longue, 131 (16,1 %) avaient encore de légers problèmes émotionnels , 33 (3,9 %) une dépression plus profonde , 20 (2,3 %) de longue durée. Ces auteurs n'ont pas recherché le syndrome post-avortement, car ils voulaient avant tout examiner les émotions des femmes, leurs évaluations et leur santé mentale après l'avortement, pour qu'il « soit possible de réduire la sévérité et la durée de la détresse post-abortive ».
Leurs entretiens, faits dans de très bonnes conditions, ont eu lieu un an après. On sait qu'une part non-négligeable des femmes ayant subi un avortement le regrettent immédiatement (10 % suivant Lise Moor) (8) On sait aussi (4)(9)(10) que les différents tests objectivent une amélioration dans la majorité des cas, de suite après et , à un moindre degré, un mois après. Le premier groupe mériterait d'être considéré comme à risque de syndrome post-avortement. Mais l'absence de détresse immédiate ou
précoce n'élude pas un SPA plusieurs années après. Speckard et Rue citent l'étude de Vaughan où le temps moyen d'apparition était de cet ordre. La Commission britannique d'enquête citée plus haut
rapporte des recours aux centre d'écoute post-avortement jusque sept années aprés, le record étant de 35 ans.
Tout de même, dans une étude de cas non sélectionnés (11), trois, à une dizaine de jours et un, à six semaines après l'avortement, N. C. note que le sentiment de traumatisme et la culpabilité sont déjà présents, et présents les mécanismes de défense : investissement plus marqué dans les activités, rationalisation, déplacement d'objet, régression, clivage. La négation peut porter sur la nature du foetus (« on se dit qu'il a pas de bras, pas de cœur », dit Mme C) ou sur la culpabilité (« j'aurais culpabilisé si j'avais gardé la gamin », Mme A), elle peut aller jusqu'au déni (« c'est comme s'il y avait eu un blanc, j'ai zappé », Mme B).
Dans le cas D, on note l'obsession d'avoir « tué un bébé , alors après, tout fait que, la TV, les femmes avec les bébés, j'en voyais partout ». « Si ça se trouve,c'était la fille ».
Les germes du syndrome post avortement peuvent être donc très tôt présents. Vont-ils s'estomper ou se développer ? Il serait nécessaire de revoir ces femmes six mois après, puis ultérieurement s'il y a lieu.

Le traitement est celui des syndromes post-traumatiques et repose sur les thérapies d'exposition, la gestion du stress, l'approche cognitive et, de façon annexe, la chimiothérapie. (12)
Dans le gestion de stress, on aide le patient à reconnaître ses difficultés actuelles, puis à acquérir des techniques : relaxation, résolution des problèmes, entraînement à la communication. On passe ensuite aux applications en thérapie et entre les séances. Ceci permet de lutter contre l'isolement.
L'approche cognitive invite la patiente à jeter un regard neuf sur son histoire, à en juger d'après d'autres critères, un autre style de pensée, à modifier son traitement de l'information.
Les thérapies d'exposition réduisent l'anxiété et les conduites d'évitement. Il ne faut pas les interrompre avant la diminution de la réaction d'alerte. Elles sont progressives. Il s'agit d'informations sur l'avortement (verbales, puis à l'aide de photos, puis de vidéocassettes) et, éventuellement, de confrontation avec lui.
La thérapie de groupe est séduisante, mais souffre de limitations :
Pas de maladie psychiatrique ou physique.
Situation stable.
Etre soutenue par une personne mûre.
Ponctualité ( Une séance par semaine pendant vingt six semaines).
Supporter un niveau de stress élevé.
Etre sincère (curieuses s'abstenir)
Etre pas plus de sept.
Les séances nécessitent un (une) thérapeute, un (une) stagiaire, un médiateur (une médiatrice).
Elles durent deux heures, dans un local confortable, avec boissons.
Elles permettent à la femme de s'identifier aux autres, de comprendre ce qui se passe en elle, de valider ce qu'elle a ressenti, d'avoir un sentiment de cohésion au groupe qui met fin à son isolement.

Mentionnons enfin les jeux de rôle : par deux, on s'entraîne à avoir un nouveau comportement, on peut aussi jouer le conflit intérieur, une faisant ce qu'elle aurait voulu avoir fait, l'autre jouant la nécessité.
L'efficacité de la chimiothérapie des syndromes post traumatiques n'apparaît pas à quatre semaines , mais à huit. Elle utilise les antidépresseurs. Si elles diminuent l'anxiété générale, les benzodiazépines n'ont aucune efficacité sur les symptômes spécifiques. (12)
Pour le prévention, sachant que l'estime de soi, la sûreté de soi, l'optimisme, la maîtrise de soi et le bas niveau de dépression sont de bons indicateurs d'une bonne récupération (10), on se gardera de toute attitude, même muette, de jugement, et c'est loin d'être facile, quand on voit les problèmes accumulés par les avortantes et les victimes de l'avortement. D'autant qu'il faudra garder fermeté et clarté, car une attitude ambiguë risque de laisser l'avortement à la charge de la femme. Néanmoins, seule une offre chaleureuse et optimiste d'aide désintéressée peut être utile. Cette attitude est de mise autant en prévention de l'avortement qu'en prévention du SPA.


Résumé : Les syndromes traumatiques sont facilement repérés en victimologie : accidents de trajet (agression dans les transports en commun), harcèlement, violences conjugales. Leur domaine est beaucoup plus étendu. Il est important de les déceler derrière une souffrance chronique à tonalité dépressive. Nous avons voulu étudier particulièrement le syndrome post avortement, comme difficile à isoler, parce que le traumatisme est profondément enfoui. Sa fréquence peut être estimée entre 2 500 et 50 000 nouveaux cas par an en France. Nous avons voulu esquisser sa prévention dans l'immédiat post-abortum, car, malgré le soulagement unanimement documenté, des entretiens de longue durée ont permis d'en dégager les prodromes.

Bibliographie :

1) Speckhard A., Rue V. Post Abortion Syndrome : An Emerging Public Health Concern. Journal of
Social Issues, Vol 48, n°3, 1992, pp 95-119.
2) Mika Gissler, Elina Hemminki, Jouko Lonnqvist, Suicides after pregnancy in Finland, 1987-94 :register linkage study. British Medical Journal , 1996 ;313 ;1431-1434.
3) Christopher Morgan, Marc Evans, John R Peters, Craig Currie, Lettre sur ce sujet :Mental health may deteriorate as a direct effect of induced abortion.B.M.J ,1997 ;314 :902.
4) Brenda Major, Catherine Cozzarelli, Lynne Cooper, Joséphine Zubek, Caroline Richards, Michael Wilhite, Richard Gramzow.Psychological Responses of Women After First-trimester Abortion.Arch Gen Psychiatry/vol 57 , Aug 2000 :777-786.
5) Hanna Söderberg, Lars Janzon, Nils-Otto Sjöberg. Emotionnal distress following induced abortion . A study of its incidence and determinants among abortees in Malmö, Sweden.European Journal of obstetrics & Gynecology and Reproductive Biology 79 (1998) 173-178..
6) Mimoun S.-L'interruption volontaire de grossesse, quel choc, quelles suites.Contracept. Fertil.Sex.,1991,Vol 19, n° 2.
7) Les conséquences physiques et psychosociales de l'avortement sur les femmes. Un rapport de la Commission d'enquête sur le fonctionnement et les conséquences de la Loi sur l'Avortement, Royaume-Uni, Juin 1994, traduit par François Pascal, TransVie,n° 80.
8) J-M Dubroca. Interruptions volontaires de grossesse, aspects psychologiques, Hôpital de Bécheville, Les Mureaux. Médecine Pratique, n° 89, 17/04/89.
9) Linda Pope, Nancy Adler, Jeanne Tschann.Post-abortion psychological Adjustement : are Minors at increaded risk ? Journal of Adolescent Health 2001 ;29 :2-11.
10) Catherine Cozzarelli. Personality and Self-Efficacy as Predictors of coping With Abortion. Journal of Personality and Social Psychology, 1993, vol 65, n° 6, 1224-1236.
11) N.C. Femmes et avortement. Vécu psychologique post-IVG. Université de Bordeaux II, Maîtrise de Psychologie du développement, Mai 2000.
12) Bernard Cordier, Marc Sylvestre, Jacques Leyrie- Pathologies psychiatriques post traumatiques. EMC Psychiatrie 37-329-A 10


(Cortesía http://laissezlesvivre.free.fr/)
 

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